mardi 30 août 2011

SCENARIO Chapitre III. Le train des temps. (Le tricycle)

La première scène est rapidement traversée par des fragments de plus en plus longs, de la scène du train, pour finir par s'y disloquer en fragments de plus en plus morcelés. Le texte de la scène du train et de celle du miroir sont lus en voix off. A mesure que l'on progresse dans la scène du train, le visuel est de plus en plus altéré, par moment on ne voit plus rien, ou juste des images fugitives, silhouettes, visages, passages de tunnels, floraisons organiques. Au cœur de cette scène passent les scènettes des différentes étapes de la révolution des mains. Puis le maelström reprend et en son sein viennent se mêler des fragments de la scène du miroir, jusqu'à ce que le voyage s'achève complètement, quand celle ci finit par n'être plus fragmentée.

a. La Webcam. (Futur)
L'arbre du jardin passe en mode fenêtré, l'homme bascule sur l'interface de sa webcam.
- Excuse moi, je ne t'avais pas entendu, j'étais en train de regarder la séquence du jardin.

Le sourire de son interlocutrice est traversé par une moue fugitive.

- Oh, j'espère que je ne te dérange pas.

- Non, au contraire, j'allais t'appeler, pour connaitre ton avis pour la scène de la révélation. J'aimerais me baser sur l'idée de déplacer le siège de la conscience dans les mains. Il y a un passage du Yoga de Jean Varenne qui m'a conforté dans cette idée : « Le corps est comme un char, l’âme en est le maître, l’intelligence en est le cocher, l'esprit les rênes, quant aux chevaux ce sont les sens, le monde est leur carrière » (katha upanishad) Mais je ne sais pas trop comment la relier à ma propre révélation. Quand on s'est connecté pour la première fois avec la webcam et que je me suis rendu compte, à quel point c'était fondamental, d'utiliser mes mains pour communiquer.
Et surtout, comment le transposer de sorte qu'à travers la prise de conscience par les mains de leur servitude, les humains essayent de se libérer.

- Cela tombe bien, c'est justement la raison de mon appel, enfin pas tout à fait, je viens de terminer la lecture du dernier testament de Philip K. Dick. J'ai trouvé une idée qui pourrait être terrible pour la révélation. L'idée qu'on est tous interconnectés et que toute la souffrance vient de le méconnaitre.

- Marrant comme coïncidence, j'ai regardé il y a très peu de temps, le documentaire Bed Peace. Vers la trentième minute, John Lennon + Yoko Ono semblent en train d'essayer de mettre en application ce concept face à une incarnation du système. Ils essaient de lui expliquer qu'à travers cette connexion... ils sont lui. Difficile de traduire mieux ce qui dans leur dialogue en anglais semble une évidence. En gros, pour atteindre la paix, ils affirment qu'il n'existe pas d'adversaire, ailleurs qu'à l'intérieur. Que la clef pour parvenir à changer le monde est en nous...

- Oui, ça tourne autour de ces concepts, j'ai cherché un peu plus d'informations, il y a aussi une divinité hindoue qui est blessée de la même façon qu'en nous blessant nous blessons la terre. Ou encore le livre rouge de Carl G. Jung qui élabore une nouvelle cosmogonie qui semble fondée sur ces idées.

b. Le Train. (Présent)
Il est en train d'écrire ce texte.

La main gauche et la main droite se font face dans le train.

La main gauche pense avoir trouvé sa tête, ce fameux siège de la conscience.
Cela fait tellement de temps qu'il participe à la conception du film, qu'il a finit par s'identifier aux personnages.

Les étapes clefs de la révolution des mains passent, fugitives, comme les flashs qui se forment sur l'enregistrement, si on filme par la fenêtre d'un train le paysage en mouvement.

La révélation de la première main qui mue, puis la contamination quand elle préfère transmettre une graine qu'expliquer l'ensemble du développement, la façon dont cela vient bouleverser l'ordre établi comme une révélation macrocosmique, sans jamais lui laisser la moindre prise, car il est intériorisé à travers les liens du pouvoir, cela dans une sorte de rêve général... etc.

Il se sent bouleversé, c'est comme s'il écrivait face à un miroir et qu'au fil des mots celui ci était devenu aussi fin que du papier de cigarette...

... que l'on pouvait distinguer au travers... l'autre coté.


Comme s'il essayait de regarder au travers et ce qu'il y voyait le sidérait.
Mais tout ce segment du film serait altéré, comme cette vielle bobine de Ned Kelly.
Dévoré par des scories organiques et en même temps magnifié, comme si une autre dimension s'invitait dans l'histoire.

Tout en laissant une part de mystère.

Après qu'il ait écrit sur son carnet toutes les questions qu'il se posait, comme si les mots qu'il écrivait étaient dictés par la main droite, mais en même temps sans qu'à aucun moment, on ne puisse en avoir la certitude, la scène se terminerait par ces mots :
ce n'est pas où, ce n'est pas qui, les questions que je devrais me poser.
mais jusqu'où ?
Quelles sont mes limites ?

On ne savait si c'était lui ou elle qui se posait ces questions, ou dans l'absolu chaque être vivant.

Quand il eu écrit trois points de suspension, après cela, il leva son regard de la feuille et vit comme si il venait d'ouvrir les yeux pour la première fois, non plus un personnage, mais une femme qui le regardait, je ne sais pas ce qu'elle pensait, je ne sais pas ce qu'il pensait.
Ceci dit, ceux qui savent lire les signes comprendront sans doute, car la scène s'achève quand il arrache la dernière feuille du carnet qui est restée vierge, pour avec ses mains en faire une fleur de papier et lui offrir.

c. Le Miroir (Passé)
Un homme et une femme, chacun face à un miroir, tapent sur une machine à écrire un texte qui ne s'inscrit pas sur un long ruban vierge qui semble sans fin.

Chère toi,
J'espère que tu vas bien,
j'ai beaucoup changé ces derniers temps, peut être un peu trop rapidement, comme si mes vêtements n'arrivaient plus à me contenir, si tu vois ce que je veux dire ?
Je ne sais pas si toi ta mue c'est poursuivie, j'ose espérer parfois que tu as suivis ton chemin en parallèle de ton coté et qu'un jour on pourra se retrouver.
J'ai lu le livre sur la théosophie que tu m'avais offert, je l'ai trouvé prodigieux, cela faisait des années que le concept de la loi du karma me posait problème, et là, expliquée comme un simple mécanisme d'interaction, sans la gangue morale des religions qui l'utilisent pour susciter la peur,
cela donne envie de ne pas qu'être spectateur, mais d'être également acteur, piloter ma vie en écoutant mes rêves et celles et ceux que j'aime.
Merci.

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